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19 juin 2014 4 19 /06 /juin /2014 06:41

Pour ceux qui ont un peu de voix, vous pouvez chanter le texte suivant sur l'air de "Il suffirait de presque rien", de Serge Reggiani.

 

Elle a passé la quarantaine

Mais laisse prise à des fredaines

Qui viennent d’un garçon troublant.

La vie lui offre cette aubaine

De vivre une passion soudaine

Avec un jeune de vingt ans.

 

Dans ses jours qu’étaient monotones

Arrive cet amour d’automne

Comme un oiseau de paradis.

Elle sait que son cœur braconne

Pour que sa vie enfin bourgeonne

En repoussant les interdits.

 

Vivons notre amour volontaire

De cheveux blonds, de cheveux gris,

Sans s’occuper vraiment de tous ces commentaires

Des bien-pensants et des aigris.

 

Elle pardonne l’impatience

Que trahit toute l’insouciance

Des attitudes à son endroit.

Et lui garde sa bienveillance

La nuit où son inexpérience

Révèle un amant maladroit.

 

Elle ne veut pas de prouesses

Mais seulement de la tendresse

Et quelques gestes délicats.

Ne pas accepter des promesses

Faisant croire que sa jeunesse

Est de retour avec fracas.

 

Refrain

 

Elle voyage à l’aventure

Sachant que seule la rupture

Sera la fin de l’illusion

Et qu’aucun fard ni les parures

Ne lui garderont sa capture

Qui cherchera une évasion.

 

Dans son destin qui lui échappe

Elle vit sa dernière étape

Sur le chemin de ses amours.

Avant que les années l’attrapent

Elle veut qu’un rêve se drape

Dans un souvenir de velours.

 

 

Refrain

 

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5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 06:05

Voici une Nouvelle qui a été primée (1° prix) au concours de Chablis dans l'Yonne.

 

Tout avait commencé ce matin. Un matin qui m’avait semblé au départ bien ordinaire, un matin de printemps où j’allai dans le jardin respirer les senteurs montant des massifs tout en observant la valse des abeilles d’étamine en étamine. Le soleil baignait généreusement chaque plante de son arrosoir à rayons invisibles. La journée ne me semblait pas différente des autres jusqu’à l’instant où mon ouïe fut mise en alerte par un chant couvrant le bourdonnement des insectes. L’air mélodieux provenait de derrière la haute haie me séparant de la maison voisine inhabitée depuis plusieurs années. Ma curiosité fut immédiatement piquée et sans faire de bruit je m’approchai de la végétation tout en prenant soin de ne pas me faire remarquer en jetant un œil entre deux branches feuillues. Ma découverte me provoqua une véritable onde de choc, je sentis mes genoux tressaillir et un léger étourdissement m’envahir. Elle était là dans une robe colorée à manches courtes laissant évoluer deux bras d’un blanc d’ivoire au bout desquels des doigts papillons composaient gracieusement un bouquet de fleurs qu’elle prélevait dans un massif. Sa tête, surmontée d’un chapeau de paille à large bord, laissait retomber une pluie d’or se terminant par des volutes dansant au moindre mouvement. Son timbre n’était que douceur qui m’enveloppa dans un nuage cotonneux. Son visage, qui se présentait de profil, laissait voir un petit nez arrondi et deux magnifiques framboises d’où sortait le chant envoutant. Mais, c’est quand elle fit ce quart de tour et que je découvris les deux océans baignant ses yeux, que je ressentis cette cruelle, mais ô combien bienfaisante, douleur. Après quelques minutes d’observation qui avaient provoqué chez moi un véritable chamboulement, je décidai de rentrer pour ne point me faire surprendre dans cette position équivoque de voyeur. J’allai dans ma chambre et, assis sur le lit, je réfléchis au moyen le plus approprié pour faire connaissance avec cette nouvelle voisine si fascinante.

Je me dis qu’il ne s’agissait pas de rater son entrée pour passer pour un lourdaud ou bien un grossier personnage. Il fallait y mettre tact et distinction. Alors comment faire ? Aller sonner chez-elle ? Mais quelle raison invoquerais-je pour venir l’importuner ? Non, ce n’est pas la bonne solution. Attendre son apparition dans la rue et sortir de la maison au même instant ? Je risque d’attendre je ne sais combien de temps. Non, non, il faut quelque chose de plus sûr. Et si j’écartais les branches de la haie et que je lui dise simplement « bonjour », ce ne serait pas mal comme approche. Oui, mais le « bonjour » comment le dire ? Un simple « bonjour » tout ce qu’il y a de plus banal peut me faire passer pour un n’importe qui, alors qu’il s’agit justement de me mettre en valeur par une originalité qu’elle remarquera. Alors le « bonjour » appuyé, avec un prolongement dans le « our » pour apporter un peu de jovialité dans la voix. Non, elle va me prendre pour un comique et me rire au nez. Ou alors le style décontracté, un simple « jour’ », c’est sympathique et cela crée de suite une sorte de complicité. Non, si elle n’apprécie pas le côté familier elle va me poser ses deux océans dans le fond des yeux et je vais instantanément m’y noyer. Ou bien je peux tenter le « salut ». C’est gai, jovial, direct, mais quand même encore un peu familier. De toute manière je n’ai pas d’autre choix qu’un texte à deux syllabes, en dire davantage tout en posant mon regard dans le sien me semble impossible, je vais bafouiller et alors là ce serait une horrible catastrophe. Je ne peux pas non plus écarter la haie et me tenir immobile en attendant qu’elle finisse par me découvrir, c’est un coup à passer pour l’idiot du village !

Non, il me faut un simple mot de deux syllabes pour briser la glace et ensuite je prendrai de l’assurance, cela ira mieux. Mais quel mot ? « Hello » ? Non, trop prétentieux. Et si je disais tout simplement : « coucou » ? C’est bien « coucou ». Deux syllabes identiques, pas difficiles à prononcer et se prêtant parfaitement à ma manière d’apparaître en écartant la haie. De plus cela fait champêtre par le nom d’oiseau tout en se prêtant au simulacre de jeu. J’optai pour cette tactique qui me sembla raisonnable et tout à fait appropriée. Je bondis hors de ma chambre pour me rendre dans la salle de bain où j’empoignai le peigne que je passai sous le robinet d’eau froide. Je pris soin de me dessiner une raie impeccable et de rabattre sur le dessus du crâne cette mèche qui s’évertuait continuellement à me retomber sur l’œil droit en me donnant un air de rêveur. Après avoir examiné bien scrupuleusement le résultat dans le miroir et en être satisfait, je partis en direction du jardin.

A pas de loup je m’approchai de la haie pour vérifier si ma voisine était toujours présente au milieu de ses fleurs. Elle était là, bien que silencieuse et occupée à mettre en forme son bouquet sur une vieille table de jardin. L’absence de chant me privait de sa mélodieuse voix mais facilitait mon entreprise en m’évitant de devoir lancer mon mot de contact à pleine gorge, ce qui aurait certainement produit le plus mauvais effet. J’avançai de quelques pas pour me fondre dans le feuillage et j’empoignai doucement à pleines mains les ramures disposées devant moi. Je pris le temps de respirer à pleins poumons, bouche ouverte pour ramener mes battements de cœur à la normale. Puis, d’un coup, je fis se courber les branches pour bien apparaître tout en lançant un courageux « coucou » d’une voix maîtrisée. À l’annonce, la belle fit volte-face et me découvrit. Elle façonna un magnifique sourire sur sa figure angélique et je sentis son regard d’un bleu étourdissant se poser sur mon humble personne. J’entendis également une voix forte derrière-moi qui effondra mon édifice, qui fit porter à ma voisine sa main devant la bouche pour tenter de cacher le rire moqueur cristallin qui en sortait et fit disparaître son regard océan quand ses yeux se plissèrent sous l’effet du fou-rire. Je fus irrémédiablement perdu et plus rien ne pourra reconstituer ce que quelques mots venaient de détruire. La phrase qui fut prononcée derrière-moi ne cessait de résonner dans ma tête : « Mon petit bichon, va te laver les mains, nous passons à table ».

« Mon petit bichon ! » Ce surnom enfantin venait de me crucifier devant la voisine en laquelle j’avais fondé tant d’espoir. J’ai neuf ans et demi et ma mère a fichu ma vie en l’air !

 

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30 mai 2014 5 30 /05 /mai /2014 07:01

Quand deux amoureux

Se couvent des yeux

Au bord de la Seine

Et font retentir

Bécots et soupirs

Sans aucune gêne.

 

Paris fait courir comme un air de fête

Transformant les quais en coin de guinguette.

 

Lorsque des amants

Au regard gourmand

Ouvrent la croisée

Après que l’amour

Leur a joué le tour

Des corps attisés.

 

Paris fait courir comme un air de fête

Transformant les rues en coin de guinguette.

 

Et quand les oiseaux

Du vieux parc Monceau

Font la symphonie

Pour faire leur cour

Par ce beau discours

En notes fleuries.

 

Paris fait courir comme un air de fête

Transformant le square en coin de guinguette.

 

Et si le chaland

En passant devant

Une gigolette

Entend « Viens chéri

Voir le paradis

Dedans ma chambrette. »

 

Paris fait courir comme un air de fête

Transformant Pigalle en coin de guinguette.

 

Et quand un amour

Fait plus d’un détour

Au bras de la Seine

Flâneurs et poulbots

Au pont Mirabeau

Contemplent la scène.

 

Il s’échappe alors comme un air de fête

Transformant Paris en coin de guinguette.

 

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25 mai 2014 7 25 /05 /mai /2014 06:11

Quand le vingt c’est la fin de mois

Mon compte en banque est aux abois,

J’ai dit adieu à mes conserves

Epuisé toutes mes réserves.

Je danse devant le buffet,

Pour l’estomac c’est sans effet.

Alors je vais chez ma maîtresse

Lui dire toute ma détresse.

 

« J’ai trop faim, offre-moi un petit grignotage ! »

Mais elle se méprend et fait un effeuillage.

« Non, non, non, mon amour », lui dis-je un peu penaud,

Il faut te rhabiller pour te mettre au fourneau. »

 

Elle me dit d’un air pincé

« Puisqu’il me faut te contenter

Qu’en cuisinant un casse-croute

Je vais te faire une choucroute. »

Elle revient portant un plat

Et lâche en riant aux éclats :

« Cuisine, amour, parfois ça rate,

J’ai pu sauver qu’une patate ! »

 

Le trente-et-un c’est la famine,

J’affiche une petite mine,

Ça grogne au fond de l’estomac,

En frisant l’état de coma.

Comme un yogi suis à la diète,

Plus un crouton, plus une miette.

Chez ma voisine, un cordon-bleu,

Je vais frapper le teint bileux.

 

« J’ai trop faim, offrez-moi un petit grignotage ! »

Mais elle se méprend et fait un effeuillage.

 « Non, non, non, c’est pas ça », lui dis-je un peu penaud,

Il faut vous rhabiller pour vous mettre au fourneau. »

 

Son sourire enjôleur s’efface

Elle dit dans une grimace :

« Si c’est que ça pour vous combler

Je vais vous faire un cassoulet. »

Elle revient portant un plat

Et lâche en riant aux éclats :

« Cuisine, amour, parfois ça rate,

J’ai pu sauver qu’une patate ! »

 

Je traîne sur le boulevard

Où je rencontre par hasard

Un jupon blanc sans air farouche.

A qui je dis : « Oh ! Votre bouche,

Vos grands yeux bleu, créent un émoi,

Pour tout savoir venez chez moi. »

Sitôt qu’elle a franchi ma porte

Je sens que la passion m’emporte.

 

« J’ai faim de vos appas méritant grignotage ! »

Tout en disant cela j’amorce un effeuillage.

« Non, non, monsieur pas ça », dit-elle en reculant,

« On ne peut consommer dès le premier élan. »

 

« Vous avez trop d’empressement

A me montrer vos sentiments

« J’ai cru, naïve» Ajoute-t-elle

« Que la voie pour la bagatelle

Passerait par un restaurant

Où chaque mets au demeurant

Serait affaire délicate

Ecartant la moindre patate. »

 

« Par quel menu faut-il présenter ses hommages ? »

Qui doit bénéficier du premier effeuillage,

Est-ce la marguerite ou le frou-frou flottant ?

Femmes vos appétits me laissent chancelant.

 

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7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 07:23

Sur le trottoir graisseux inondé de soleil

J’ai vu se redresser une forme bizarre.

C’était un Africain s’étirant au réveil

En offrant aux quidams une face barbare.

 

Il était colossal comme un guerrier nubien ;

Un de ceux qui s’en vont le pied nu sur la piste

Traquer leur ennemi : le farouche Egyptien,

Le pillard du désert, l’éternel belliciste.

 

Le clochard se dressa et fit sur un réchaud

Une tambouille immonde aux relents exotiques

Qu’il avala d’un trait, ne trouvant rien trop chaud,

Avant que d’éructer des rots charivariques.

 

Je le vis rassembler ses impédimenta

Au fond d’un vieux chariot fait de bois et de rouille

Et, sachant qu’il était persona non grata,

Ébranler son bazar le sérieux à la bouille.

 

En passant près de moi je sus dans son regard

Qu’il se sentait ici rescapé d’un naufrage

Ayant tout englouti en le laissant hagard

Dans son rêve d’hier transformé en mirage.

 

Il alla droit et fier, lui le Dahoméen,

En guidant son fatras comme une caravane,

L’œil ailleurs, loin des lieux pour un Européen,

Sur un sentier rougeâtre au fond d’une savane.

 

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25 avril 2014 5 25 /04 /avril /2014 09:33

Bonjour à tous,

 

Après une longue absence consécutive à mon engagement électoral dans la gestion de ma commune, j'ai décidé de ne pas me représenter lors des dernières élections municipales.

Ma décision a été prise après avoir constaté qu'il m'était difficile, voire impossible, de suivre deux voies qui demandent un engagement complet : la Commune et l'Ecriture. Le vieux Chronos ne modifie pas le cadran horaire sous prétexte que l'on veut faire face à plusieurs obligations.

La gestion d'une commune nécessite à mes yeux de respecter le mandat qui nous a été confié en s'y consacrant pleinement, c'est pourquoi durant cette période j'ai remisé ma plume dans un tiroir.

Mais l'écriture est une drogue qui me manquait, c'est pourquoi j'ai fait le choix d'y revenir en laissant le soin à d'autres de conduire les affaires communales.

J'espère retrouver les fidèles lecteurs de mon blog, tout comme j'aurai plaisir à venir redécouvrir les vôtres.

 

Amicalement

 

Patrick

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19 juin 2013 3 19 /06 /juin /2013 15:50

Un paon faisait la roue à la cour de la ferme

Pour montrer au vulgaire avec quel noble aspect

L’on peut se distinguer d’un lourdaud pachyderme,

D’un bovin fort dadais inspirant l’irrespect

Par sa robe quelconque et son triste pelage

Ne trouvant de valeur qu’après l’équarrissage.

Le fier gallinacé, trottait, se pavanant

Pour afficher ses ors irradiant les ocelles

Comme le roi ferait lors du couronnement.

Hélios fit jaillir des milliers d’étincelles

Du plumage créant merveilleux ornement.

Alors, la tête haute et se croyant en vue

Le volatile alla pour faire sa revue

Et montrer aux communs son éclat rayonnant.

Il s’en vint voir le porc affalé dans sa fange

Qui ne se leva pas devant sa Majesté.

Notre prince emplumé trouva le fait étrange

Qu’aucun respect profond ne soit manifesté

Pour autant de grandeur, c’était hallucinant !

Il trottina plus loin vers les bêtes volailles,

Les poules, les dindons, les cailles sans attrait

Et vivant bruyamment en de tristes harpailles.

Devant tant de fadeur, le paon, de son portrait,

Exhibait à l’envi luxurieuses couleurs

En agitant sa roue aux reflets enjôleurs.

Mais, les gallinacés, loin de la déférence,

Refusèrent l’invite à jouer aux commensaux

Et poursuivirent seuls en pleine indifférence

La recherche de pain ou bien de vermisseaux.

L’oiseau fut très marri de sa déconvenue

Et replia les stras de sa haute tenue.

Tête basse il pria : « Qu’il advienne l’instant

Que par l’Académie un grand anatomiste

Reconnaisse ma grâce et mon port de Sultan. »

Le paon fut exaucé sans qu’il soit pénitent :

Il fut mené le soir chez le taxidermiste.

Pour complaire et charmer nul besoin d’un atour

Ne faisant que miroir pour sottes alouettes.

Une tête bien faîte, un esprit sans détour

Attirerons sur vous de nombreuses conquêtes.

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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 21:14

Vous en souvenez-vous turbulente Marquise

De ce manant partant du titre de féal

Reçut de vous celui de l’amant idéal

En vous troublant les sens d’une façon exquise ?

 

Il fut dans votre vie une hérésie acquise

Transformant vos hivers en mois de floréal

Et faisant inverser un ordre féodal

Pour être dans ses bras une terre conquise.

 

Vous refusâtes donc de respecter le rang

Par lequel vous deviez par noblesse de sang

Distinguer un galant qu’au vu de l’étiquette.

 

Vous fûtes précurseur aux clients Guillotin

En vous lâchant ainsi dans l’amour libertin.

Loin des froids échafauds, vous perdîtes la tête.

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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 07:36

Après avoir tiré dessus

Mon tonton a cassé sa pipe

Et revêtu le pardessus

De bois qui jamais ne se fripe.

Dans un costume de corbeau

Je viens gémir quand on l’enterre

En remplissant de pleurs un seau

Avant d’aller chez le notaire.

 

Assis devant le tabellion

J’attends de savoir l’inventaire

En rêvant d’or et de million

Étant l’unique légataire

Et d’une voix sans émotion

Voici ce que lit le notaire :

« Une maison, un potager

Mais les deux étaient en viager

Un poulailler et quatre poules

Un cochonnet avec deux boules

Un tombereau de haricots

Et quelques arriérés fiscaux

Des vêtements dans une armoire

Autant percés qu’une écumoire

Un verre à pied vide à moitié

Où se repose un vieux dentier

Un chien pelé et sa gamelle

Un coupe-frites à manivelle

Pour ce qui est de son magot

Son compte en banque est à zéro

Et pour finir mes écritures

Huit-cents euros sur ma facture. »

 

Car par chez nous il est d’usage

Pour qu’un défunt soit sans remords

En s’en allant parmi les morts

Qu’il nous transmette un héritage.

 

Après avoir prié l’bon Dieu

Durant sa vie de religieuse

Tantine a fait d’un coup adieu

Au bras de la grande faucheuse.

Dans un costume de corbeau

Je viens gémir quand on l’enterre

En remplissant de pleurs un seau

Avant d’aller chez le notaire.

 

Assis devant le tabellion

J’attends de savoir l’inventaire

En rêvant d’or et de million

Étant l’unique légataire

Et d’une voix sans émotion

Voici ce que lit le notaire :

« Un crucifix bien saugrenu

Avec le Christ tout à fait nu ;

Un vieux missel où des images

Montrent en fiesta les trois rois mages

Et le curé de Camaret

Portant, rieur, que son béret ;

Un matelas, une bouillote

Et une paire de menottes ;

L’œuvre de Sade en galuchat

Et quatre boules de geisha ;

Une aube en soie et sa cornette

Un tablier blanc de soubrette

Quant à son or et ses deniers

C’est pour son couvent régulier

Et pour finir mes écritures

Huit-cents euros sur ma facture. »

 

Car par chez nous il est d’usage

Pour qu’un défunt soit sans remords

En s’en allant parmi les morts

Qu’il nous transmette un héritage.

 

Quand viendra l’heure où il faudra

Que je quitte ma descendance

Emmailloté dans un grand drap

Pour ma dernière résidence.

Mes héritiers ne courez pas,

Suite à vos pleurs de circonstance,

Sus à un legs ou majorat

Sous une corne d’abondance.

 

Car par chez moi il est d’usage

De n’emporter aucun remords

En s’en allant parmi les morts

D’avoir croqué tout l’héritage.

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18 août 2011 4 18 /08 /août /2011 14:24

Il était heureux dans son coin

Et chaque jour tombait à point

Pour lui donner l’envie de vivre.

L’envie de vivre.

Avec de l’amour plein les bras

Et des moments plutôt extra

C’était plus beau que dans un livre.

Que dans un livre.

Mais un jour la page a tourné

Dans la maison ça a tonné

Ses parents sont entrés en guerre

Entrés en guerre.

Adieu à ses moments d’avant

Il s’est senti un survivant

Sortant de la vie de naguère.

Vie de naguère.

On lui a dit qu’il faut choisir

Avec lequel il veut partir.

Comment répondre à ce dilemme ?

A ce dilemme.

Parents ne se partagent pas

Dans les deux cas l’un manquera

Puisque ce sont les deux qu’il aime

Les deux qu’il aime.

Pour trancher ce choix infernal

Ils ont laissé le tribunal

Lui désigner sa résidence

Sa résidence.

Il devint enfant vagabond

Qui trimballe entre deux maisons

Le déplaisir de son enfance

De son enfance.

Depuis sa famille a grandi

Avec un rameau alourdi

Sur l’arbre : gêné illogique

Né illogique.

Jamais il ne voulut autant

De beaux-parents aux quatre vents

D’une ascendance anachronique.

Anachronique.

Car à huit ans c’est délicat

De vivre ainsi tout le fracas

Du désaccord chez les adultes

Chez les adultes.

Où l’on est plus qu’un simple pion

Au cœur éteint comme un lampion

Avec tout ce qui en résulte.

Qui en résulte.

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