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3 novembre 2014 1 03 /11 /novembre /2014 11:32

Il pend de ses doigts fins la Croix d’un chapelet

Oscillant doucement dans la tiédeur berçante.

Si le corps est figé la lèvre est frémissante

Pour émettre sans bruit des mots en ruisselet.

 

Un vitrail ingénu la couvre d’un reflet

Dont la froide couleur en la toile naissante

Fait pâlir son visage, à la vision absente,

Où coulent des sanglots sous le blanc bavolet.

 

Se redresse soudain sa face endolorie

D’où le regard fiévreux se pose sur Marie,

L’implorant d’accorder le pardon et la grâce.

 

Mais le vitrail s’éteint, la femme n’est plus qu’ombre.

Un orage au dehors se répand et croasse

Pour couvrir d’un dais noir l’espérance qui sombre.

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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 07:28

C’était la grande armée attendant la bataille

Dans le froid d’un l’hiver figeant les étendards

Au-dessus des soldats composant la piétaille

De grognards aguerris et quelques vieux soudards.

 

Dans les rangs l’on sentait l’attitude agressive

D’un ennemi certain qu’un pouvoir insensé

Avait conduit la France en pose défensive

Et qu’approchait l’instant d’être récompensé.

 

L’empereur était là, son œil à la lorgnette,

Indécis à lancer le périlleux sursaut

Où sa garde devrait faire à la baïonnette

La percée entraînant ses corps dans un assaut.

 

C’est alors que monta le roulement sonore

D’un tambour qui jouait une marche en avant.

C’était un frêle enfant à l’âge qu’on ignore

Dont l’acte de bravoure eut l’effet motivant.

 

Il marchait seul en tête avec grande assurance

En sortant de sa caisse un très long battement

Qui fit gonfler les cœurs et croître la puissance

A l’aigle délivrée à chaque régiment.

 

L’élan était donné, la furia française

Se rua dans un bond pour chercher le succès

Sur des troupes ployant au feu de la fournaise

En fuyant le terrain comme on vide un abcès.

 

Sur le champ de bataille où sourdait la victoire

A côté d’un tambour gisait un bel enfant.

On ne sut pas son nom oublié par l’Histoire

Et le temps emporta son acte triomphant.

 

La mémoire entretient un tombeau de porphyre,

Sépulcre rouge sang où gît Napoléon.

Quant au petit tambour qui mourut pour l’empire

Seul le vent de l’oubli le porte au Panthéon.

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3 janvier 2010 7 03 /01 /janvier /2010 13:13

Sans frapper à mon huis tu pousses le battant,

Puis tu franchis le seuil avec maigre bagage,

Le visage marqué par ton si long voyage

Où tu passas la mer sur un radeau flottant.

 

Approche du foyer, viens sécher tes guenilles,

Viens mordre dans ce pain que l’on dit abondant,

Qui remplit tant de maies dans le vieil Occident

Et se trouve aux repas de toutes nos familles.

 

Ce pain, vois-tu, provient du blé de la moisson

Que je fis dans le champ que me légua mon père ;

Héritage d’aïeux, mes seuls points de repère

Apportant à ma vie une belle leçon.

 

Le temps ne fut qu’ouvrage au fil de la lignée

Pour défricher la terre, en tirer le sillon,

Faire danser la faux, mettre le touraillon,

Repousser la forêt du bout de la cognée ;

 

Bâtir une chaumière aux murs de plâtre blanc,

Tracer dans la vallée, à l’ombre des platanes,

Une route poudreuse où marchent les gitanes ;

Princesses dans le port, au regard noir, troublant.

 

Ainsi tout fut créé de la main de ces hommes,

Des étangs scintillants dans les chaleurs d’été

Aux lois et règlements de la société

Pour faire que l’on soit ce qu’aujourd’hui nous sommes.

 

Il a fallu des rois, la révolution,

Des têtes raccourcies et les pleurs de nos mères

Pour générer enfin des bonheurs éphémères

Auxquels il faut verser sa contribution.

 

Les anciens ont dressé l’église pierre à pierre

Par la foi, qui pour eux, peuplait tous les instants.

Puis sont allés dormir pour les siècles restants,

Le devoir accompli, dans le vieux cimetière.


Nous portons l’héritage apporté par le temps

Composé d’une langue et des us et coutumes ;

Quelques pages de gloire et bien des amertumes

Pour les nombreux hivers, les si peu de printemps.

 

Tu veux, mon pauvre ami, terminer ton errance,

Prendre place au terroir pour en faire le tien.

Je t’accorde le gîte et t’offre mon soutien

Si tu viens pour aimer mon doux pays de France.

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20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 09:15

Pour toutes les femmes qui subissent la violence des charognards dans l'indifférence.


Une main tremblotante imprime la cadence

A l’aiguille qui coud le bas d’un pantalon.

C’est la mère au foyer qui s’occupe au salon

En attendant l’instant que commence la danse.

 

On est vendredi soir et son regard surveille

La porte de l’entrée avec anxiété.

Car de là va surgir, chargé d’ébriété,

Un homme qui n’est plus le mari de la veille.

 

Les enfants sont couchés et seule la pendule

S’autorise à briser le silence pesant

Dans le compte à rebours d’un calme agonisant

Où l’ombre de son corps, de tremblements, ondule.

 

Elle sait que les murs qui lui servent de cage

Laisseront circuler les bruits de la fureur

Dans une indifférence attisant sa terreur

De se savoir objet que l’on bat et saccage.

 

Pas le moindre secours, pas une main tendue,

Elle n’attend plus rien de ceux qu’on dit humains

Et seule versera les larmes dans ses mains

Où perlera le sang de sa lèvre fendue.

 

Dans le jour qui se meurt sur la nuit qui l’emporte,

Au son d’un pas trainant montant un escalier

Elle lâche l’aiguille et sent comme un collier

L'étreindre par le cou quand s’entrouvre la porte.

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22 septembre 2009 2 22 /09 /septembre /2009 23:44

Sous un ciel moucheté par la nue endormie

L’océan présentait les signes d’accalmie,

Se trémoussaient ses flots dans un amusement.

Un trois-mâts naviguait, sa proue était sans crainte,

Sa poupe, d’un ruban, dessinait son empreinte

Pour marquer sur le flux son long cheminement.

 

Sur le pont des marins, le ventre au bastingage,

Contemplaient dans le soir la ligne de partage

Qui dansait au roulis entre le ciel et l’eau.

Le généreux Eurus gonflait toutes les voiles

Et parurent aux cieux les premières étoiles,

Immobiles lampions accrochés au daleau.

 

Soudain, un éclair blanc déchira la pénombre,

Les vents dans un galop fondirent en surnombre

Sur l’esquif isolé dans les remous d’argent.

Le gréement et les mâts geignirent au supplice

Sous les coups de boutoir de la vague complice

D’une foudre agressive au tonnerre rageant.

 

Le navire pourtant se comportait en brave ;

En danse de Saint-Guy dérapait son étrave

Qui plongeait dans la houle en noyant ses vibors,

Sa mâture céda sous l’assaut des bourrasques

En couvrant ses gaillards par des écoutes flasques

Et jaillit le ressac vomi par ses sabords.

 

La furie océane accrut ses offensives,

Déferlement du flot sur le pont, les coursives,

Coups d’épaule des vents voulant le cabaner.

Le bâtiment blessé ne put que rendre l’âme

Quand frappa sur son flanc la meurtrière lame

Dont l’écume s’en vint d’un coup l’enrubanner.

 

Ô marins disparus dans les mers coléreuses

En laissant dans les ports des femmes malheureuses,

Le cri de l’albatros et la galerne seuls

Seront depuis l’azur vos cortèges funèbres

Vous regardant partir pour le fond des ténèbres

Enveloppés des eaux vous servant de linceuls.

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2 juin 2009 2 02 /06 /juin /2009 07:52

Quand dans l'air du salon la musique s'éveille

Aux accents de Mozart, aux notes de Chopin,

Je vois par ma lucarne un monde qu'on repeint

Aux couleurs des accords caressant mon oreille.


Le piano colore au blanc de chaque touche

Un monde enluminé de croches en ruisseau

Suivant la barcarole au-dessus du vaisseau

Que mène un gondolier, le refrain à la bouche.


Arrive le zéphyr qu'un violon devance,

Il roule en tourbillons les feuilles des jardins,

Puis le trait de l'archet les aligne en andains

Pour poser sur leurs corps un instant de silence.


La cadence reprend pour la danse des heures,

Tintinnabulements sortant d'un carillon

En fugace tempo d'un vol de papillon

Annonçant, Gioconda, que d'ici peu tu meures.


Contrebasses geignant la rhapsodie hongroise

Noircissent les stratus avant que les hautbois,

Les altos endiablés qu'on croyait aux abois

Allument un cancan de butte Montmartroise.


Puis monte un lamento d'une femme amoureuse

Aria qui flétrit la fleur Violetta.

Chant de peine et d'amour de la Traviata

Dont l'écho me façonne une âme douloureuse.


La musique et le chant m'emportent en voyage

Où vaque mon esprit sur fond de fugato

Qui ne m'appartient plus et suit en spiccato

La fugue le drainant au fil de son sillage.

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26 février 2009 4 26 /02 /février /2009 07:52


Il bordait le chemin qui sortait du village,

Ombrageait le croquant, le clochard en haillons,

Écoutait des oiseaux l'amusant babillage

Et portait aux rameaux le nid des oisillons.


Souvent les amoureux gravaient sur son écorce

Leurs prénoms encerclés dans la marque d'un cœur

Et quand parfois l'un d'eux subissait un divorce

Il lui laissait pleurer à son tronc son malheur.


A chaque Saint-Vincent s'endormait à sa souche

Un paroissien fidèle à la dévotion

Et l'arbre prenait soin de surmonter la couche

D'un feuillage évitant une congestion.


Quand un cancre faisant l'école buissonnière

Venait chercher asile en lui grimpant dessus,

Il aimait, sacrebleu ! Jouer la garçonnière

En accordant le gite et quelques fruits en sus.


En été le curé debout sous son ombrage

Lisait son Livre Saint qui fit contagion.

Quand il sut que la Croix était en bois d'outrage

Il versa quelque peu dans la religion.


Mais un jour le progrès a voulu qu'une route

Trace plus largement le chemin vicinal

Et la hache frappa sans que rien ne redoute

De transformer sa souche en triste point final.


Au revoir aux oiseaux, au petit coin champêtre,

Au point de rendez-vous de tous les amoureux.

On avait oublié de respecter l'ancêtre

Qui donnait à la vie un charme savoureux.

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13 février 2009 5 13 /02 /février /2009 20:54

Dans la nuit de l'hiver, le clochard qui s'avance

Traîne ses godillots en trottant pas-à-pas

Sur les grands boulevards éclairant son errance

Jusqu'au bord de la Seine où l'attend son trépas.


Il tremblote de froid autant que de vinasse

Sous les trois oripeaux servant de paravent

A ce corps fatigué, misérable carcasse,

Dont les bras ne sont plus que des moulins à vent.


En quittant la lumière il redevient une ombre,

Un éclat de noirceur sur les pavés luisants

Qui flotte sur la vie en attendant qu'il sombre

Entraîné par le faix des souvenirs gênants.


Il voudrait extirper de sa pauvre mémoire

Le poids de ses erreurs sur l'asphalte gelé

Comme un autodafé du vélin d'un grimoire

Contenant un démon l'ayant ensorcelé.


Il touille le magma composant l'inventaire

D'un destin détrempé par des flots de pinard,

Balisé de propos au ton velléitaire

Contre tous les Jean-foutre au regard goguenard.


Surgit un vieil amour fripé de lassitude

Qui partit rechercher des gestes délicats.

Passe la liberté, pleine de solitude,

Et dépendant souvent d'indolents avocats.


Une geôle coinçant le temps dans ses mordaches,

Le travail oublié sur le zinc d'un bistrot,

Des jurons aux bourgeois et quelques « mort aux vaches !»

Et passent les remords de n'être qu'un poivrot.


Comme il se sent léger en abordant la rive,

Pour la première fois c'est un homme nouveau

Capable de juger sa vie à la dérive.

Il avance d'un pas et disparaît dans l'eau.

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7 décembre 2008 7 07 /12 /décembre /2008 09:52

La comtoise lançait, en tenant la cadence,

Son maigre balancier marquant l'instant venu

De figer le futur, le présent et l'enfance

En martelant le temps d'un tic-tac ingénu.


Sur la blancheur du drap se mourait le grand-père,

Ce passeur de mémoire aux souvenirs lointains

Qui portait sur ses chairs les traces en repère

Du sablier filtrant les lustres de ses grains.


De la pièce voisine il perçut le ramage

De ceux qu'il appelait : « ses chers petits sabots »,

Qui venaient remplacer sa souche à l'abattage

Comme font au verger les noyaux d'abricots.


Son regard fatigué consulta son épouse

Pour savoir si vraiment il avait adouci

Ce long hymen passé moins en robe qu'en blouse

Et reçut en retour un sourire en merci.


Les senteurs du jardin passèrent la fenêtre

Pour répandre un adieu d'un bouquet délicat

Et le remercier pour l'endroit de bien-être,

Duquel elles étaient l'enivrant résultat.


De ses doigts tremblotants il caressa la toile

Du lit qui renfermait de tendres souvenirs.

Il se souvint des soirs où s'y levait la voile

Pour voguer sur Cythère en quête de soupirs.


Quand sonna la comtoise, il sentit dans sa bouche

Monter un goût de terre aux relents de charnier,

Puis pressentant la mort au-dessus de sa couche

Il comprit que son souffle était le tout dernier.


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1 décembre 2008 1 01 /12 /décembre /2008 08:36

Le soleil réchauffait les façades pâlottes

Lorsqu'apparut au loin un convoi de couleurs

Émises par le bois de grinçantes roulottes

Flottant comme un mirage aux plus fortes chaleurs.


Tiré par les chevaux suant de tant de peine

Le cirque s'installa sur la place au marché

Où les enfants du bourg s'en vinrent voir la scène

Du chapiteau gonflant son ventre empanaché.


Un chameau s'en vint paître à l'ombre des platanes

Et le lama hautain toisa les campagnards,

Un colosse mena, sous l'œil des paysannes,

Deux singes ricaneurs déguisés en bagnards.


Dans la rue un tambour invita tout le monde,

A coups de rataplan, à payer son sequin

Pour voir une revue où le péril abonde

Dans la cage au lion et les sauts d'Arlequin.


Sur la piste, le soir, s'étala le spectacle

Faisant jaillir le rire et naître le frisson

Chacun des baladins enflamma le cénacle

Pour faire des émois la meilleure moisson.


C'était, tu vois enfant, de la réjouissance

Créant comme un esquif qui vient nous secourir.

Nous oubliions les champs et la pauvre existence

Pour le temps de laisser notre rêve mourir.


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