Plus Odette tempêtait contre elle et plus Maryse riait. Elles étaient toutes deux installées à une table du petit bistro faisant face à la boutique de couture d’Odette. Entre deux éclats de rire Maryse ne cessait de dire à son amie :
- Arrête ! Tu vas me faire mourir !
Et son rire reprenait de plus belle. Odette ne goûtait pas le fait que l’on puisse se moquer de son expérience de la veille. Elle tenta de faire comprendre à Maryse dans quelle situation ses conseils avaient pu la mettre. Reprenant son souffle Maryse finit par lui dire :
- Mais ma pauvre chérie, le forum c’est comme dans la vie, sur cent mecs il n’y en a que quelques-uns de bons. Bien sûr que tu vas trouver un peu de tout, c’est à toi de chercher. Il fallait simplement lui dire non et passer au suivant. Les mecs ils t’accrochent sur le forum sans que tu aies à bouger le petit doigt, c’est un vrai vivier.
Rajustant ses lunettes de myope, Maryse regarda profondément Odette qui semblait bouder, colla un grand sourire sur son visage et prit entre ses doigts aux ongles peints le menton de son amie pour qu’elle finisse par la regarder.
- Tu as toujours été un peu fleur bleue, il serait temps que tu regardes un peu la vie en face et que tu ne fasses pas une maladie parce qu’un type veut te raconter quelques trucs grivois. Tu sais lire Rabelais sans rougir tout de même et même Sade je suis sûre !
Au regard que venait de lui lancer Odette, Maryse comprit que le dernier auteur cité n’avait pas sa place dans sa bibliothèque.
- Oui tu as peut-être raison après tout, je me suis un peu affolée, j’avais l’impression qu’il était à côté de moi, je n’ai pas réalisé de suite que nous étions en fait bien loin l’un de l’autre.
- A la bonne heure. Je suis certaine que tu vas rencontrer un mec bien, ils doivent exister ceux-là. Ils ne sont pas tous casés chez bobonne, répliqua Maryse.
- Et toi, tu as déjà rencontré des hommes bien ?
- Oui quelquefois, j’ai même rencontré réellement certains d’entre eux, mais je devais être un peu trop pressée. En réalité ils ne me convenaient pas. Trop de ceci, pas assez de cela. Enfin des mecs sympas, mais assez ordinaires. Moi je veux l’exceptionnel, s’emporta Maryse.
- Non moi je ne demande pas un exceptionnel, je veux juste un homme bien qui partagerait mes goûts, précisa Odette avec un air pensif.
Puis elle se leva, embrassa Maryse et traversa la rue pour aller ouvrir sa boutique de couture. Le soir et les soirées suivantes elle retourna faire quelques connaissances, mais aucun contact ne fut fructueux. Tout au plus quelques échanges plutôt sympathiques.(à suivre)