Quand le vingt c’est la fin de mois
Mon compte en banque est aux abois,
J’ai dit adieu à mes conserves
Epuisé toutes mes réserves.
Je danse devant le buffet,
Pour l’estomac c’est sans effet.
Alors je vais chez ma maîtresse
Lui dire toute ma détresse.
« J’ai trop faim, offre-moi un petit grignotage ! »
Mais elle se méprend et fait un effeuillage.
« Non, non, non, mon amour », lui dis-je un peu penaud,
Il faut te rhabiller pour te mettre au fourneau. »
Elle me dit d’un air pincé
« Puisqu’il me faut te contenter
Qu’en cuisinant un casse-croute
Je vais te faire une choucroute. »
Elle revient portant un plat
Et lâche en riant aux éclats :
« Cuisine, amour, parfois ça rate,
J’ai pu sauver qu’une patate ! »
Le trente-et-un c’est la famine,
J’affiche une petite mine,
Ça grogne au fond de l’estomac,
En frisant l’état de coma.
Comme un yogi suis à la diète,
Plus un crouton, plus une miette.
Chez ma voisine, un cordon-bleu,
Je vais frapper le teint bileux.
« J’ai trop faim, offrez-moi un petit grignotage ! »
Mais elle se méprend et fait un effeuillage.
« Non, non, non, c’est pas ça », lui dis-je un peu penaud,
Il faut vous rhabiller pour vous mettre au fourneau. »
Son sourire enjôleur s’efface
Elle dit dans une grimace :
« Si c’est que ça pour vous combler
Je vais vous faire un cassoulet. »
Elle revient portant un plat
Et lâche en riant aux éclats :
« Cuisine, amour, parfois ça rate,
J’ai pu sauver qu’une patate ! »
Je traîne sur le boulevard
Où je rencontre par hasard
Un jupon blanc sans air farouche.
A qui je dis : « Oh ! Votre bouche,
Vos grands yeux bleu, créent un émoi,
Pour tout savoir venez chez moi. »
Sitôt qu’elle a franchi ma porte
Je sens que la passion m’emporte.
« J’ai faim de vos appas méritant grignotage ! »
Tout en disant cela j’amorce un effeuillage.
« Non, non, monsieur pas ça », dit-elle en reculant,
« On ne peut consommer dès le premier élan. »
« Vous avez trop d’empressement
A me montrer vos sentiments
« J’ai cru, naïve» Ajoute-t-elle
« Que la voie pour la bagatelle
Passerait par un restaurant
Où chaque mets au demeurant
Serait affaire délicate
Ecartant la moindre patate. »
« Par quel menu faut-il présenter ses hommages ? »
Qui doit bénéficier du premier effeuillage,
Est-ce la marguerite ou le frou-frou flottant ?
Femmes vos appétits me laissent chancelant.