La vague des flots bleus dans un galop rageur

Vient frapper le rocher dominant l’océan,

Dans ce heurt de géants aux échos tapageurs

L’onde amère se brise en écume d’argent.

 

Le ressac emporte, dans sa danse rituelle,

Les restes disloqués de l’assaillant liquide

Et la mer aussitôt pour son assaut ponctuel

Relance un cavalier contre l’écueil bastide.

 

Le puissant minéral donne le sentiment

De se gausser des eaux et de ses offensives

Mais en réalité le colosse se fend

Sous les coups de boutoir des vagues abrasives.

 

Le temps fait son effet sur le rocher blessé

Recevant sur ses flancs les gifles régulières

D’un flux dont l’érosion l’a un jour terrassé

Projetant le récif dans les eaux meurtrières.

 

Comme les océans les peines de ma vie

Déferlent sans répit sur les parois du cœur,

Les coups le fissurent, le laissant en survie,

N’en ajoutez pas une autrement il en meurt.

Je veux quitter la cave noire

Et revenir à la maison.

Je ne veux plus voir chaque soir,

Le monsieur laid dans ma prison.

Je ne veux plus jamais le voir,

Je veux rentrer à la maison.

   

Depuis le jour où le monsieur

M’a emmené dans sa voiture,

Je n’ai jamais revu les cieux.

Je vis dans ce local obscur,

Sur ce vieux lit de fer crasseux,

Enroulé dans la couverture.

 

Moi je croyais que j’étais grand

Qu’il ne pouvait rien m’arriver.

Mais je ne suis rien qu’un enfant

N’arrivant pas à empêcher,

Les sales mains du dégoûtant,

De venir le soir me toucher.

 

Oh papa viens ! Tu dois venir,

Je veux retrouver ma maman

Et dans ses bras pouvoir dormir

Pour oublier tous ces moments,

Où la peur vient pour me pétrir

Avec des doigts trop répugnants.

 

Le moindre bruit me fait très peur.

A chaque fois je sens cogner

Beaucoup trop fort mon petit cœur

Et mes yeux, grands, s’écarquiller.

 

Voilà que revient ma terreur !

J’entends ses pas dans l’escalier !