C’était la grande armée attendant la bataille
Dans le froid d’un l’hiver figeant les étendards
Au-dessus des soldats composant la piétaille
De grognards aguerris et quelques vieux soudards.
Dans les rangs l’on sentait l’attitude agressive
D’un ennemi certain qu’un pouvoir insensé
Avait conduit la France en pose défensive
Et qu’approchait l’instant d’être récompensé.
L’empereur était là, son œil à la lorgnette,
Indécis à lancer le périlleux sursaut
Où sa garde devrait faire à la baïonnette
La percée entraînant ses corps dans un assaut.
C’est alors que monta le roulement sonore
D’un tambour qui jouait une marche en avant.
C’était un frêle enfant à l’âge qu’on ignore
Dont l’acte de bravoure eut l’effet motivant.
Il marchait seul en tête avec grande assurance
En sortant de sa caisse un très long battement
Qui fit gonfler les cœurs et croître la puissance
A l’aigle délivrée à chaque régiment.
L’élan était donné, la furia française
Se rua dans un bond pour chercher le succès
Sur des troupes ployant au feu de la fournaise
En fuyant le terrain comme on vide un abcès.
Sur le champ de bataille où sourdait la victoire
A côté d’un tambour gisait un bel enfant.
On ne sut pas son nom oublié par l’Histoire
Et le temps emporta son acte triomphant.
La mémoire entretient un tombeau de porphyre,
Sépulcre rouge sang où gît Napoléon.
Quant au petit tambour qui mourut pour l’empire
Seul le vent de l’oubli le porte au Panthéon.