17 janvier 2008
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Dans la pâleur du soir, je viens à ta croisée
T’annoncer mon retour, si tu veux bien de moi.
Je me présente seul et te reviens brisé.
Celle pour qui un jour tu avais, quel émoi !
Par un coup sur le chef sacrifié ton ombrelle,
M’a quitté pour un autre à mon dernier écu.
Alors dans l’errance, mes rêves pêle-mêle,
J’ai porté mon malheur d’un pas lourd de vaincu.
Je te reviens sans or et d’argent je n’ai point,
Mais j’apporte pour toi, dans une malle grise,
Des cadeaux merveilleux de ces pays lointains,
Où je fis mille exploits pour en faire ma prise.
Je souhaiterais t’offrir et sans rien me devoir
Tous ces humbles présents, en espérant si peu
Qu’ils allègent ton cœur pour faire naître l’espoir
D’un pardon souverain rallumant notre feu.
Je dépose à tes pieds, un rayon de soleil
Pour réchauffer ton cœur et éclairer tes nuits.
Le rêve d’un enfant pour parer ton sommeil
Et un collier monté de cent gouttes de pluie.
Une rose des vents et ses quatre parfums,
Le chant des sirènes qui enchanta Ulysse
Et l’espoir délaissé sur le bord du chemin,
Que Pandore a sorti de sa boite à malice.
Et puis trois ricochets sur les eaux d’un étang,
La senteur de Chine prise sur des œillets,
Un moment de répit oublié par le temps
Et l’ombre du soleil, grande toge endeuillée.
Un morceau d’arc-en-ciel provenant d’un désert,
Le regard d’un enfant un matin de Noël,
Le doux chant du torrent où plongent les bergères,
Et l’échelle de drap pour le septième ciel.
Des traces du Yéti sur la neige éternelle,
La caresse satin sur la joue d’un enfant,
Le pardon véritable à un grand criminel
Et l’appel de Roland dans son vieil olifant.
Le reflet du printemps sur un lac en sommeil,
Quelques miettes de pain du repas de la Cène,
Du jasmin du cap Horn aux couleurs sans pareil
Et le premier baiser de Pâris à Hélène.
Voilà les seuls trésors, mon unique butin
De ces temps de démence où j’étais loin de toi.
Tes volets restent clos, ta lumière s’éteint.
Il faut partir d’ici et quitter mon chez-toi.
Je comprends tes raisons et ne peux t’en vouloir,
Je reprends mon chemin comme une feuille morte
En remontant l’allée menant au purgatoire.
Mais dans mon dos j’entends, que tu ouvres ta porte !