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22 mars 2018 4 22 /03 /mars /2018 11:22

(à chanter, bien entendu, sur un air de Tarentelle)

 

Par une nuit de sommeil

M’emporte une rêverie

Dans un pays de merveilles

A Venise en Italie.

En costume d’Arlequin

Je m’élance dans la danse

Au milieu de diablotins

Formant un cortège immense.

                       

Et dans ce corso fleuri

Où tout le monde a un masque

Chacun danse et chacun rit

Carnaval aux mille frasques.

Les garçons sont enjôleurs

Et les filles désirables,

L’amour entrouvre les cœurs

Dans la ronde entre les tables.

 

Et dans ce charivari

Je découvre une gazelle

A l’œil bleu qui me sourit

En dansant la tarentelle.

Sans attendre plus longtemps

Vite je me précipite

Vers la belle qui m’attend

Avec le cœur qui palpite.

 

Nous dansons bien enlacés

Au beau milieu du cortège

En échangeant des baisers,

Des caresses en florilège.

Mais sa mère, vraie mégère

M’applique un coup de balai

Me menaçant, en colère,

Qu’elle va me tuer sans délai

 

Et la fille de pleurer

De me voir tout estourbi

Puis viennent des carabiniers

Me demandant ce que j’ai subi.

Alors désignant la vieille,

En furie tout en cheveux,

Je dis « stoppez cette corneille

Avant qu’elle m’arrache les yeux. »

 

En fait de carabiniers

Ce ne sont que des fêtards

Portant masques et tabliers

Attirés par le pétard.

Ils emportent alors la femme

Pour la jeter à la mer

Afin d’éteindre la flamme

De sa bouillante colère.

 

Reprenant la farandole

J’attire la fille contre moi

Qui me dit « je deviens folle

Par ce ne sais quel émoi. »

« Ce n’est rien ma demoiselle »

Dis-je en lui prenant le bras

« C’est l’amour qui t’ensorcèle

Par ses abracadabras.

 

Mais alors que je l’embrasse

Elle me lèche le bout du nez

Mais c’est mon chien, le bonasse

Qui vient pour me réveiller.

Adieu mon rêve et sommeil

Voici la pointe du jour

S’en est fini des merveilles

Et de mon histoire d’amour.

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14 février 2018 3 14 /02 /février /2018 10:11

Je viens de sortir mon quatrième recueil de poèmes et de textes de chanson :

voici la préface :

« De la musique avant toute chose » déclamait Paul Verlaine en parlant de la poésie.

C’est dans cet esprit que j’ai composé mes textes qu’ils soient de forme classique ou bien néo-classique.

Il faut croire que l’exercice a été en partie réussi puisque quelques artistes en ont mis plusieurs en musique pour les chanter sur scène.

Quant aux thèmes abordés ils viennent compléter ceux de mes précédents recueils qui déjà traitaient de la condition humaine avec ses joies, ses douleurs et ses doutes. Sans oublier que la poésie se doit également d’être joyeuse, ironique et parfois érotique.

Á une époque de pleine mutation de notre société j’ai préféré apporter un témoignage d’un temps dont les traces sont de moins en moins perceptibles, voire disparues mais qui laissent dans le cœur de ceux qui l’ont connu un sentiment de douce nostalgie. D’où le titre de cet ouvrage « joyeuse nostalgie. »

Ne regrettons pas le passé, mais sachons simplement en porter témoignage, les générations à venir en auront besoin.

L'ouvrage comporte  plus de 80 textes sur 145 pages.

Il est vendu au prix de 15 Euros. (plus frais d'envoi)

Pour commander adressez-moi un e-mail à l'adresse suivante :

duchezpatrick@9online.fr

 

 

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2 février 2018 5 02 /02 /février /2018 09:49

Apprenez ma chère cousine

Qu’un rat est entré en cuisine

Ce fut l’branle-bas dans Landerneau

Dans les placards et le fourneau.

La chose était inconcevable

Il fallait trouver le coupable.

Qui a laissé entrer le rat ?

Le coupable on le trouvera !

Un tribunal fut constitué

Présidé par le grand buffet

Accompagné des assesseurs

Une casserole et l’pot à beurre.

On débuta dans le prétoire

Par quelques interrogatoires.

Qui a laissé entrer le rat ?

Le coupable on le trouvera !

On accusa l’pauvre égouttoir

D’être ma chère une vraie passoire

Et la bouilloire s’mit à bouillir

Quand on lui dit « tu n’sais qu’dormir

Ton fessier bien calé au chaud

Au d’sus du feu sur le fourneau.

Qui a laissé entrer le rat ?

Le coupable on le trouvera !

La marmite pleura beaucoup

En se plaignant qu’elle fait-tout.

La grosse poêle faisait la queue

Pour accuser à qui mieux-mieux

Quand la cocotte lui dit « minute

 Je ne veux pas qu’on m’persécute.

Qui a laissé entrer le rat ?

Le coupable on le trouvera !

La rôtissoire avec constance

Entra de suite en résistance

Quant au hachoir il coupa court

Aux accusations de la cour.

Et l’écumoire dit « j’ai un trou

Je ne me souviens pas du tout.

Qui a laissé entrer le rat ?

Le coupable on le trouvera !

La poivrière trouva salé

Qu’elle soit au banc des accusés.

La fourchette montra les dents

Et dit « je vais vous rentrer d’dans ! »

La nappe fut imperméable

Refusant de passer à table.

Qui a laissé entrer le rat ?

Le coupable on le trouvera !

Le torchon refila un coup

Au verre lui reprochant tout,

Le robinet fut accusé

Dans cette histoire d’être mouillé.

L’enquête était bien regrettable

Pourtant il fallait un coupable.

On condamna le presse-purée

Le seul ici à s’écraser.

Qui a laissé entrer le rat ?

Ah ! Le coupable on le trouva !

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26 janvier 2017 4 26 /01 /janvier /2017 09:55

Vas-y la bell’, va-t’en danser

Pour te trouver un fiancé

Va-t’en croquer dedans la vie

Pour qu’ell’ répond’ à tes envies

 

Fais tournoyer ta petit’ jupe

Pour mener ton troupeau de dupes.

Et montre-nous tes bell’ gambettes

Le désir fou dans tes mirettes.

 

Fais-nous ce soir la femm’ fatale

Celle devant qui on s’étale

La femme qui a les appas

Pour affoler le cœur des gars.

 

Vas-y tournoie dessus la piste

Pour nous montrer à l’improviste

Dessous ta jupe qui s’envole

Ces bouts de chair qui nous affolent.

 

Fais sautiller tes seins du jour

Qui ne sont faits que pour l’amour.

Fais-nous entendr’ ton rire espiègle

En notes clair’ qui nous dérèglent.

 

Vas-y on veut devenir fous

S’imaginer que c’est bien nous

A qui t’offriras tes caresses

Dans une nuit chargée d’ivresse.

 

Fais-nous éclore tes vingt ans

Avec ton corps qui en dansant

Nous fait croir’ que l’on appareille

Pour le royaume des merveilles.

 

Vas-y la bell’, va-t’en danser

Continue à nous affoler

On veut brûler notre jeunesse

Sur le bûcher de tes promesses.

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9 mai 2016 1 09 /05 /mai /2016 14:08

Quand deux amoureux
Se couvent des yeux
Au bord de la Seine
Et font retentir
Bécots et soupirs
Sans aucune gêne.

Paris fait courir comme un air de fête
Transformant les quais en coin de guinguette.

Lorsque des amants
Au regard gourmand
Ouvrent la croisée
Après que l’amour
Leur a joué le tour
Des corps attisés.

Paris fait courir comme un air de fête
Transformant les rues en coin de guinguette.

Et quand les oiseaux
Du vieux parc Monceau
Font la symphonie
Pour faire leur cour
Par ce beau discours
En notes fleuries.

Paris fait courir comme un air de fête
Transformant le square en coin de guinguette.

Et si le chaland
En passant devant
Une gigolette
Entend « Viens chéri
Voir le paradis
Dedans ma chambrette. »

Paris fait courir comme un air de fête
Transformant Pigalle en coin de guinguette.

Et quand un amour
Fait plus d’un détour
Au bras de la Seine
Flâneurs et poulbots
Au pont Mirabeau
Contemplent la scène.

Il s’échappe alors comme un air de fête
Transformant Paris en coin de guinguette.

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1 mars 2015 7 01 /03 /mars /2015 09:23

Ninon s’en va trottant, trottant

Porter des œufs et du fromage

En chantonnant

Jusqu’au marché de son village.

 

Sur le chemin la surprenant

S’approche alors de son corsage

Un courtisan

Versé au mieux dans le ramage.

 

Lorsqu’une belle a dix-sept ans

Elle est sensible au babillage

De mots charmants

Plus doux qu’un chant de coquillage.

 

Le soleil se veut caressant

Comme la main du personnage

Entreprenant

Qui fait un lent papillonnage.

 

Elle reçoit ses compliments

Tels des bouquets d’amours-en-cage

Étourdissants

Sans résister à l’abordage.

 

L’amour devient roi triomphant

Quand s’élève un joyeux tapage

Tourbillonnant

Des amants sous le frais feuillage.

 

Parents sachez que votre enfant

Quand l’appétit du badinage

Va s’amplifiant

Doit se garder loin du bocage.

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30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 10:14

Une laborantine à l’Institut Pasteur

Se donne corps et âme aux devoirs de sa charge

En cherchant nuit et jour en long ou bien en large

Un vaccin épanchant toute peine de cœur.

 

Son regard analyse au fond d’une éprouvette

Ou sous le microscope une larme, un sanglot,

Qu’elle laisse couler pour le triste tableau

De se savoir encore une catherinette.

 

Voilà que de Russie arrive un étudiant

Désirant travailler dans son laboratoire.

Et les voici penchés sur le lacrymatoire

Afin d’y découvrir le subtil ingrédient.

 

Le jeune homme est flatteur, la femme est sous le charme.

La recherche progresse à tâtons, dirait-on !

Quand la blouse s’en vient se frotter au veston

Pour affoler les corps que la passion désarme.

 

Notre laborantine accomplit un effort

Pour ouvrir son savoir à la virologie

En poussant la recherche, avec quelle énergie !

Sur le fringant vit russe apportant réconfort.

 

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3 novembre 2014 1 03 /11 /novembre /2014 11:32

Il pend de ses doigts fins la Croix d’un chapelet

Oscillant doucement dans la tiédeur berçante.

Si le corps est figé la lèvre est frémissante

Pour émettre sans bruit des mots en ruisselet.

 

Un vitrail ingénu la couvre d’un reflet

Dont la froide couleur en la toile naissante

Fait pâlir son visage, à la vision absente,

Où coulent des sanglots sous le blanc bavolet.

 

Se redresse soudain sa face endolorie

D’où le regard fiévreux se pose sur Marie,

L’implorant d’accorder le pardon et la grâce.

 

Mais le vitrail s’éteint, la femme n’est plus qu’ombre.

Un orage au dehors se répand et croasse

Pour couvrir d’un dais noir l’espérance qui sombre.

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9 septembre 2014 2 09 /09 /septembre /2014 09:48

La chapelle, encadrée par un ciel d’azur immaculé, sentait ses vieilles pierres se réchauffer sous un soleil printanier qui diffusait également ses bienfaits aux futures moissons encadrant l’édifice. Ce dernier, de style roman, à la toiture verdie par une mousse centenaire, couronnait un mamelon sur lequel un sentier caillouteux serpentait pour atteindre son minuscule parvis. Suant, peinant, les dévots et les pèlerins gravissaient la pente en s’encourageant par des cantiques. C’était jour de procession. Sur le parvis un groupe précédemment arrivé regardait monter la chenille bruyante et multicolore qui suivait le porte-bannière. Après un dernier effort, les deux groupes finirent par se rejoindre et se fondre l’un dans l’autre pour échanger politesses et quelques bavardages. Le curé de la paroisse, vieillard affable, heureux de voir tant de monde sautait de l’un à l’autre pour déverser des torrents de remerciements et inviter les marcheurs à venir trouver un peu de repos dans la chapelle avant l’office qu’il allait célébrer. Les pèlerins, essoufflés par l’ascension, acceptaient avec plaisir de pénétrer dans le lieu saint afin d’y trouver une fraîcheur réparatrice et un banc pour s’y assoir. Doucement, le vase communicant entre parvis et chapelle s’activa.

C’est alors qu’ils se rencontrèrent. Lui, grand, brun, mince, la trentaine séduisante et elle, gracile, les pommettes roses et des doigts fins de pianiste. Leur croisement de regards provoqua chez chacun d’eux un cataclysme intérieur difficilement contrôlé. Personne ne remarqua quoi que ce soit. Elle sentit les battements de son cœur s’accélérer et presque instinctivement elle porta la main à son niveau comme pour tenter de l’apaiser. Au même instant, il ressentit des serres de rapaces se refermer sur le sien et abaissa lentement les paupières sous l’effet du choc. En les rouvrant, son regard replongea dans le torrent bleu qui baignait les yeux posés sur lui. Autour d’eux le monde était devenu cotonneux, le brouhaha qui, il y a deux secondes encore couvrait les chants d’oiseaux, n’était plus qu’un son étouffé. Une bulle imperceptible venait de les envelopper dans un silence reposant. D’un regard à l’autre, une balancelle invisible voguait pour transporter de troublants sentiments faisant frémir leurs épidermes. Ils ne firent aucun geste l’un envers l’autre, ils demeuraient statufiés par cette onde tout autant bienfaitrice que ravageuse. Elle nota le léger frémissement de ses ailes de nez, il remarqua la couleur pourpre qui prenait possession de ses joues rebondies. Elle vit ses lèvres tressaillir sans savoir si c’était sous l’effet d’une émotion ou pour lancer au ciel un vœu. Il découvrit le léger tremblement agitant ses doigts si fins qu’elle ne put contrôler qu’en joignant les mains. Les pèlerins, comme dans un décor féérique, semblaient se mouvoir au ralenti. Le vieux curé, coiffé de sa barrette, n’était plus qu’une tache noire dansant dans la lumière argentée irradiant un fond de scène. Le temps faisait la pause et chaque parcelle de seconde leur semblât s’étirer comme un long ruban de nuages d’automne figés dans le ciel. Le printemps jouait sur eux de tous ses artifices et les irradiait de sa grâce généreuse. Aucune parole ne fut échangée, seul le chant d’un rossignol leur fut perceptible et les notes clairs qu’il contenait étaient porteuses de toutes les épithètes qu’ils auraient pu s’échanger. Le parvis se vidait et ils ne furent plus que quelques-uns à rester sous les rayons tièdes d’un soleil toujours aussi généreux. Pour eux deux, la chaleur envahissait bien leurs êtres mais provenait en grande partie d’un feu intérieur qui les consumait en silence. Á peine trois secondes venaient de s’écouler du sablier depuis leur premier échange de regards.

Positionnant ses bras à l’horizontale, comme un Christ en Croix, le curé fit se rapprocher les derniers paroissiens de l’entrée de la chapelle et c’est quand le vieil homme les effleura qu’ils revinrent dans ce monde si douloureux. Le curé disparut ensuite dans la bouche béante et noire de la chapelle accompagné par quelques pèlerins. Á cet instant le ciel d’un bleu pur, comme pour faire savoir qu’il avait pris connaissance de cette rencontre inattendue, laissa apparaître subitement un éclair argenté accompagné d’un grondement grave et bref.

Alors, retrouvant le vieux réflexe de la société séculière qu’il avait quittée, le père Daniel, par courtoisie, invita sœur Anne-Marie à le précéder dans la chapelle.

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29 juillet 2014 2 29 /07 /juillet /2014 08:31

Le présent texte m'a été inspiré à la suite de la lecture d'un article écrit par Alfred de Musset. Je suis loin d'égaler le poète, mais j'ai cherché à reproduire le principe de la joute oratoire.

 

 

Daniel Martin avait décidé de profiter de ce soleil printanier qui se maintenait en ce début d’automne pour se dégourdir les jambes sur la voie piétonnière du centre-ville. Il était le directeur de la Banque du Crédit et de l’Encaissement ce qui, à ses yeux, lui permettait d’avoir, avec ce qu’il appelait du bout des lèvres « le menu peuple », une attitude largement condescendante. A tel point qu’il en était devenu poisseux de fatuité. Menton levé il toisait les commerçants, dont la plupart lui sont redevables d’un crédit, et répondait à leur salut révérencieux par un abaissement lent et simultané des deux paupières. Et, invariablement, à chaque relèvement de ces dernières, son regard avait déjà quitté le débiteur pour bien lui signifier que son importance n’excédait pas un battement de cils. Martin se sentait indispensable dans cette petite ville. Aucune réalisation importante ne se faisait sans que tôt ou tard le dossier financier transite par son bureau. A chaque fois c’était le même sentiment de puissance qui l’envahissait quand, avec lenteur, il faisait basculer la couverture du dossier pour profiter pleinement de cet instant jubilatoire. En cet après-midi, isolé dans sa suffisance du brouhaha de la foule, il ressentit l’extase de se savoir important jusqu’au moment où son regard se posa sur un chaland venant dans sa direction, et là, sa bulle se creva et ses pieds ressentirent la dureté de l’asphalte. Son ennemi, la seule personne à sa connaissance qui osait lui résister, le contredire, l’apostropher sans vergogne et le dévaluer par ses propos s’approchait à grands pas. Il s’agissait de Raymond Lebrun, accessoirement responsable de l’agence des pompes funèbres, et principalement son beau-frère puisque sa sœur avait eu l’indélicatesse de tomber amoureuse de ce foutriquet, jetant ainsi l’opprobre sur la lignée des Martin. L’organisateur en funérailles était un jeune homme jovial, disert dans ses relations et très apprécié pour son tact et son dévouement. Néanmoins, son beau-frère, ayant jugé que le choix de sa cadette créait une mésalliance préjudiciable au renom des Martin, avait vertement tancé les tourtereaux, ce qui lui avait valu une réplique cinglante du nouveau venu à laquelle, à son grand dam, sa sœur avait apporté sa contribution. Daniel ralentit sa marche et tenta de se faufiler entre des passants mais son beau-frère l’avait repéré et se dirigea sur lui. La rencontre était inévitable. Les deux hommes stoppèrent à quelque distance l’un de l’autre et se toisèrent du regard avant que Martin ne brise le silence par un trait se voulant dominateur.

« Mais ! Ne voilà-t-il pas mon charmant beau-frère. Comment te portes-tu embaumeur au formol ? »

« Très bien, mon cher beau-frère, joyeux Thénardier d’officine de frais bancaires. »

« N’es-tu point à ce jour occupé dans ton agence de voyages pour trépassé ? » Questionna le banquier, moqueur.

« Que nenni, adorable agioteur, je vaque à la prospérité de mes affaires. »

« Ah oui ! J’ai ouï dire que tu as l’intention d’agrandir ton dépôt de bières et sarcophages. Est-ce vrai, funèbre fleuriste ? »

« C’est exact, mon cher dévaliseur de livret A, j’agrandis mon exploitation. »

Cette annonce officielle sembla embarrasser le financier.

« Mais, irremplaçable repasseur de suaire, pour exécuter l’agrandissement de ton échoppe, où l’on meurt d’ennui, aurais-tu eu l’audace de vouloir le faire aux frais de la dot détenue par ma sœur ? »

« Je reconnais bien là, ton unique et éternelle préoccupation, celle financière, qui te fait demander des nouvelles sur la dot avant celles sur la santé de ta sœur, ô boursicoteur sur titres de châteaux espagnols. »

Le trait toucha la cible au point qu’une crispation rapide apparut sur sa joue droite.

« Mais, je tiens à te rassurer, dispendieux écornifleur pour petits porteurs, le capital monétaire de ma chère épouse n’a en rien été entamé dans cette affaire. »

« Se pourrait-il que tu disposasses de tant de liquidités, émérite conducteur à tombeau ouvert ? »

Raymond prit le temps de plaquer le plus beau sourire qu’il put avant de répondre.

« Manifestement non, habile racleur de dépôts à vue, mais n’est-il pas des agences spécialisées dans ce genre de besoin en prêtant monnaie sonnante et trébuchante ? »

« Tu vas donc avoir l’impudence de déposer une telle demande à ma Banque du Dépôt et de l’Encaissement, vénérable fossoyeur ? »

« Oh que non ! Pourvoyeur d’huissiers, jamais je ne me risquerai à faire le moindre dépôt, fût-il papier, dans ton repaire à spéculateurs avides. »

« Dois-je en conclure, mystificateur en momification, que tu t’adresses à la concurrence ? »

« Si fait ! Royal détrousseur de bas de laine, l’agence de Prêts au Développement va y contribuer, et avec un taux qui te ferait rouler par terre en pleurant des liquidités, divin courtier en placements panaméens. »

Cette révélation ébranla de nouveau le banquier qui sentit son monopole s’effriter.

« Ainsi, tu ne fais aucune confiance à ta famille, misérable bailleur de catacombes, tu l’as reléguée déjà sous une de tes pierres tombales ! »

Le responsable des pompes-funèbres buvait du petit lait en constatant l’effort que produisait son beau-frère pour contenir sa colère qu’il ne pouvait se permettre de laisser exploser en pleine rue.

« Mais, mon cher empereur en frais de découvert, la famille n’est-ce pas parfois des amis qui ne furent point choisis ? Alors, au nom de cette branchette familiale que tu avais coupée et qui vient de repousser tout autant subitement que mystérieusement, serais-je dans l’obligation de passer par ton comptoir de vente d’emprunts russes ? Et bien que tu sois banquier, tu me vois fort étonné que je puisse représenter pour toi, si j’ose dire, quelque intérêt. A moins que ton aversion pour ma personne, ton mépris pour ta sœur, soient, comme la plupart de tes prêts, victimes de l’usure ! »

La tirade à la fin de l’envoi toucha profondément le financier dont le teint tournait au cramoisi. Sa mâchoire, crispée à l’extrême semblait prête à se désintégrer. Cependant, du fait de la présence de nombreux promeneurs et curieux qui s’étaient arrêtés pour assister à la joute verbale, Martin finit par peindre un semblant de sourire sur sa face.

« Pour ma famille que je chéris, quoi que tu en dises, ridicule pagayeur du Styx, je sais fournir la meilleure aide possible, même lorsqu’elle n’est pas méritée. La ville entière pourrait en témoigner. »

« Voici une parole qui t’honore, cher usurier sans scrupule. Malheureusement pour ta générosité naissante et par la même balbutiante, je ferai appel à l’établissement rival du tien. Le commerce, même celui de l’argent, ne s’épanouit-il pas dans le terreau d’une saine concurrence ? »

Martin ne sut contenir la colère qui bouillait en lui.

« Ah ! Immonde croque-mort ! Tu vas nourrir des étrangers et laisser ta propre famille dans l’abandon au risque de la verser dans ta clientèle. Sache que cet acte ne sera jamais effacé de ma mémoire et que je te montrerai qui est en vérité le meilleur de nous deux. J’en prends cette foule à témoin. »

« Mais … Mais … Mon dévoué beau-frère, escamoteur de tirelires enfantines et spéculateur sur la misère humaine, je reconnais dès l’instant ta supériorité dans l’altruisme, et je m’engage, devant cette foule, et à mes frais, dès que le moment se présentera, de procéder à ton couronnement … mortuaire ! »

La foule s’esclaffa, le banquier fit une tête d’enterrement et les deux beaux-frères restèrent fâchés.

 

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